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M. Roosevelt, Président des États-Unis,


cellences seront, sans doute, les premières à reconnaître Tinipossibilité dans laquelle se trouve le Gouvernement haïtien d’accorder à celui des États-Unis le bail du Môle St-Nicolas aux conditions que ce dernier désire. Mais à cette difficulté constitutionnelle doivent encore s’ajouter des considétations politiques, qui sont de la plus haute importance pour le Gouvernement haïtien. L’arrivée en ce port de deux escadres américaines, renfermant les plus puissants vaisseaux de guerre de la Marine des États-Unis, a fait une impression des plus malheureuses au pays entier, qui s’en alarme ou s’en inquiète. En supposant même que la Constitution nationale ne fût pas un obstacle à l’acceptation de la demande présentée par Vos Excellences, au nom du Préiident des États-Unis, le Gouvernement haïtien ne pourrait guère, dans les circonstances présentes, entrer en négotîations pour l’affermage du Môle St-Nicolas, sans paraître céder à une pression étrangère et compromettre, ipso facto ^ notre existence de peuple indépendant ; d’autant plus que plusieurs journaux américains, dans un but indevinable, font une propagande mensongère, tendant à faire accroire qu’il y a eu des engagements signés, entre le Président d’Haïti et les États-Unis d’Amérique, pour la cession de cette même baie du Môle St-Nicolas que Son Excellence le Président Harrison désire avoir comme station navale à l’usage de la Marine américaine.

Profondément confiant dans votre loyauté et votre sentiment d’équité, j’ose espérer que Vos Excellences saisiront parfaitement que le refus d’accorder aux États-Unis l’affermage du Môle St-Nicolas pour une station navale n’est pas, de la part du Gouvernement haïtien, un acte de méfiance ou de mauvaise volonté. Il est la conséquence d’un double empêchement devant lequel a dû fléchir notre vive sympathie et notre sincère attachement à la plus glorieuse et la plus généreuse république du Nouveau Monde et peut-être du Monde Moderne. Veuillez agréer. Messieurs les Plénipotentiaires, les assurances de ma très haute considération.

Le Secrétaire d’État des Relations Extérieures. Signé : A. Fikmin.

Honorable Frederick Douglass,

Ministre Résident et Consul général des États-Unis en Haïti. Bancroft Gherardi,

Contre-Amiral de la Marine des États-Unis, Plénipotentiaire, etc, Port-au-Prince.