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pendre d’ennui dans l’espèce d’épuisement où est ma tête, j’ai pris le parti de revoir différents Mémoires que j’ai faits depuis longtemps et dont je vous avais communiqué la plus grande partie ; je les fais actuellement imprimer, ce qui produira le quatrième et probablement le dernier Volume de mes Opuscules. Adieu, mon cher et illustre ami ; vivez, travaillez, effacez-nous tous, et surtout portez-vous bien. Voulez-vous bien assurer l’Académie de mon dévouement et de mon respect ? Donnez-moi, je vous prie, de vos nouvelles.

À Monsieur de la Grange,
directeur de la Classe mathématique de l’Académie des Sciences, à Berlin
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50.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 21 septembre 1767.

Mon cher et illustre ami, on m’écrit de Berlin que vous avez fait ce qu’entre nous autres philosophes nous appelons le saut périlleux et que vous avez épousé une de vos parentes que vous avez fait venir d’Italie[1] ; recevez-en mon compliment, car je compte qu’un grand mathématicien doit avant toutes choses savoir calculer son bonheur et qu’après avoir fait ce calcul vous avez trouvé le mariage pour solution. Ce qu’on ajoute dans les mêmes Lettres ne me fait pas autant de plaisir on me mande que votre santé est fort dérangée, que la vie que vous menez en est vraisemblablement la cause, que vous prenez trop de café et de thé, que vous vivez trop en solitaire. Au nom de Dieu, mon

  1. Dans un manuscrit de la Bibliothèque Nationale (no 2273) qui fait partie des papiers de Lalande, on lit ce qui suit (p. 199 bis) « Lagrange aime à thésauriser. Il avait fait venir à Berlin une cousine à qui il achetait lui-même des rubans pour qu’elle dépensât moins. On l’obligea à l’épouser. » Je dois la communication de cette note à l’obligeance de M. Henry.