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CORRESPONDANCE

3.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

Turin, ce 1er juin 1762.
Monsieur,

Il y a longtemps que j’aurais dû vous écrire pour vous remercier des présents que vous m’avez faits de vos Opuscules mathématiques[1] et de la Lettre en réponse à M. Clairaut[2] ; mais ce délai ne doit être attribué qu’au désir que j’avais de pouvoir mieux vous témoigner ma reconnaissance en vous présentant le second Volume des Mélanges de notre Société[3], qui était sous presse depuis quelque temps. Permettez donc, Monsieur, que je m’acquitte à présent de mon devoir et que je vous prie d’accepter un exemplaire de cet Ouvrage, que j’ai remis à M. le chevalier Berzet, qui vient de partir pour Paris, et qui s’est chargé de vous le faire avoir au plus tôt. Je m’estimerai infiniment heureux si mes travaux peuvent mériter votre approbation ; je la regarderai comme la plus grande récompense de mes études et comme la seule qui puisse véritablement me flatter ; cependant, je ne puis vous le dissimuler, vos objections contre ma théorie des cordes vibrantes ne m’ont point paru suffisantes pour la renverser, et je crus pouvoir encore la défendre par une réponse que je soumets d’ailleurs à votre jugement[4]. Je vous prie de m’éclairer, si je me suis trompé, et je vous

  1. Voir la Lettre précédente.
  2. Alexis-Claude Clairaut, l’un des plus grands géomètres produits par la France, né à Paris le 7 mai 1713, reçu à l’Académie des Sciences à dix-huit ans, mort le 17 mai 1765. Il avait publié, dans le Journal des Savants de décembre 1761 (p. 837-848), une Lettre où il défendait contre d’Alembert sa « solution du problème des trois corps et l’application qu’il en avait faite tant à la théorie de la Lune qu’à celle des comètes ». D’Alembert y répondit par une Lettre insérée dans le Journal encyclopédique (février 1762, t. II, p. 55-76), à laquelle Clairaut répliqua par de Nouvelles Réflexions publiées dans le Journal des Savants, juin 1762, p. 358-377.
  3. Voir plus haut la Note 2 de la page 3.
  4. Cette réponse est l’Addition à la première Partie des Recherches sur la nature et la propagation du son, imprimée dans le tome II des Mémoires de Turin, p. 233 et suiv. (Œuvres