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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

fluides ; il me semble que tout dépend de la supposition que les particules du fluide aient le même mouvement à la partie postérieure qu’à la partie antérieure ; j’avoue que cette supposition est légitime analytiquement, mais il se peut qu’elle ne le soit pas physiquement. En effet, si l’on considère un fluide homogène et sans pesanteur qui se meuve dans un tuyau infiniment étroit, si l’on veut, et évasé en haut et en bas, en sorte que ce tuyau ait la même figure de part et d’autre de la section de la plus petite largeur, il est clair qu’on peut supposer analytiquement que le mouvement du fluide soit aussi le même des deux côtés de cette section ; cependant il est facile de concevoir que le fluide doit nécessairement quitter les parois du vase et se mouvoir comme une masse solide continue, après avoir passé par la plus petite section ; c’est aussi ce que vous avez remarqué dans votre Traité des fluides et ailleurs. Or, le cas qui donnerait la résistance nulle peut se réduire, si je ne me trompe, à celui dont je viens de parler, moyennant quoi on pourra expliquer le paradoxe proposé.

Voilà une partie des remarques que la lecture de vos derniers Ouvrages m’a fait faire ; je les soumets entièrement à votre jugement, en vous priant de me pardonner la liberté que je prends de vous les communiquer et de ne la regarder que comme une marque du désir que j’ai de profiter de vos lumières.

Je suis infiniment sensible à la part que vous avez bien voulu prendre à ma maladie ; je suis maintenant parfaitement rétabli. J’ai communiqué à M. Beguelin l’article de votre Lettre qui le regarde ; il y a été fort sensible et m’a chargé, de vous en témoigner sa reconnaissance. M. Lambert, sur qui vous souhaitez de savoir mon sentiment, est sans contredit un des meilleurs sujets de notre Académie il est très-laborieux et soutient presque seul notre Classe de Physique. Il possède assez bien l’Analyse, mais son fort est la Physique, sur laquelle il a donné un Ouvrage estimé, intitulé Photometria[1], c’est-à-dire de la mesure de

  1. Phototmetria, sive de mensura et gradibus luminis, colorum et umbræ. Augustæ Vindelicorum, 1760, in-8o.