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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

ferais-je un jour) lui donner bien du fil à retordre au sujet de sa théorie des équations, et je crois pouvoir dire et soutenir avec beaucoup plus de fondement que lui « qu’il s’est égaré pour n’avoir pas connu la véritable théorie ». Je vous embrasse de tout mon cœur.


77.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 9 mars 1770.

J’ai depuis six semaines, mon cher et illustre ami, une faiblesse de tête qui me rend incapable d’application et qui m’empêchera même de vous écrire une longue Lettre. Je suis bien aise que vous ayez reçu tous mes paquets. J’ai aussi reçu votre double Mémoire sur les équations et sur les problèmes de Diophante ; mais, dans l’état où je suis, je n’ai pu que les parcourir très-légèrement, et ce que j’en ai subodoré me paraît excellent et me donne bien envie de le connaître mieux dès que je le pourrai, car j’ai pris le parti de renoncer pour deux mois ou six semaines au moins à toute espèce de travail. Je recevrai avec grand plaisir le Mémoire de M. Beguelin et les observations qu’il voudra bien me communiquer ; je vous prie de le lui dire et de lui faire mes compliments, ainsi qu’à M. Lambert.

Je vous exhorte fort à ne pas laisser impunie l’impertinence de Fontaine c’est un homme qui mérite d’être humilié ; je n’en connais pas de plus orgueilleux et de plus méchant. Je vous invite non-seulement à lui répondre sur la question de maximis et minimis, mais à faire voir aussi l’insuffisance de sa méthode pour les équations. Je suis d’ailleurs particulièrement intéressé à ce dernier objet, et je vous serai très-obligé de vouloir bien lui prouver que mes objections sur cette méthode méritaient un peu plus d’attention de sa part. M. le chevalier de Borda