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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

plutôt mon mépris pour les critiques, j’en ai été un peu indigné. Je ne sais pourquoi il en veut à moi depuis quelque temps, et surtout pourquoi il me traite d’une manière si grossière, après m’avoir donné autrefois tant de marques d’estime et d’amitié. Le souvenir de ses anciennes bontés pour moi a fait que je n’ai pas été fort sensible à la manière peu obligeante dont il a parlé de mon travail sur les maxima et minima ; aussi, dans un Mémoireque j’ai envoyé à Turin sur ce sujet, pour être imprimé dans le quatrième Volume des Mélanges, je me suis contenté de dire un mot de M. Fontaine et d’inviter les connaisseurs à juger de ses prétentions par la comparaison de son Ouvrage avec le mien ; mais, voyant qu’il revient à la charge et qu’il veut me provoquer à toute force, je crois devoir repousser son insolence, et je n’attends, pour faire imprimer un Mémoireque j’ai composé dans cet objet, que d’être assuré que le Volume de 1768 ait paru à Paris.

Nos Mémoires de 1768 ont paru, et ceux de 1769 sont sous presse et paraîtront dans deux mois. Je me suis déjà adressé à tout le monde pour avoir une occasion de vous faire parvenir le Volume de 1768, avec un exemplaire séparé de mes Mémoires pour le marquis de Condorcet ; mais jusqu’à présent mes peines ont été inutiles. Au pis aller, vous recevrez les deux Volumes à la fois dans le courant de l’année prochaine. Il n’a rien paru de M. Euler que ce que vous avez déjà, à l’exception de son Algèbre allemande que M. Bruysset, de Lyon, va imprimer en français, avec quelques additions de ma façon touchant les questions de Diophante, qui forment la partie la plus considérable et la plus précieuse de cette Algèbre. Lorsque son Optique paraîtra, je vous en enverrai un exemplaire le plus tôt qu’il me sera possible. À propos, je dois vous dire que je n’ai pas encore reçu les exemplaires de votre Traité des fluides que vous m’avez annoncés depuis longtemps ; je n’ai même aucune nouvelle.

Je n’ai point encore pu voir la théorie de la Lune de Mayer, mais je crois que je l’aurai bientôt. Adieu, mon cher et illustre ami ; il ne me reste de papier que pour vous embrasser. Si le marquis de Condorcet est à Paris, voudriez-vous avoir la bonté de l’embrasser pour moi ?