Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/244

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mier. Ne croyez pas, au reste, que toutes ces idées me rendent plus triste. L’ambassadeur de Naples[1], que je vois presque tous les soirs, ne s’en aperçoit sûrement pas, et je n’ai pas besoin de me contrefaire ni de me contraindre pour le tromper sur cela. Adieu, adieu conservez-vous et aimez-moi comme je vous aime. Je vous embrasse de tout mon cœur.

Vous verrez, par notre programme, que vous n’aurez pas de grands efforts à faire pour remporter encore notre prix de 1774. Je vous en fais mon compliment d’avance.

(En note : Répondu le 2 juin.)

105.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, le 21 mai 1772.

Mon cher et illustre ami, vous avez dû apprendre, il y a peu de jours, par un mot que j’ai écrit à M. de Catt, que vous seriez incessamment associé étranger de notre Académie. L’élection s’est faite hier, et vous avez eu seize voix contre une, qui n’a été donnée que par méchanceté pure à un homme fort peu connu[2], et pour vous empêcher, sans doute, d’avoir l’unanimité. Me voilà donc doublement votre confrère, et j’espère que nous n’en serons pas moins bons amis, car je n’éprouve que trop, dans les deux Académies dont j’ai l’honneur d’être à Paris, que les mots de confrère et d’ami ne sont pas synonymes. L’Académie française surtout me donne à ce sujet, et en ce moment même, de tristes preuves des sentiments trop ordinaires à la confraternité. Vous ne sauriez croire quelles manœuvres indignes et basses on a fait jouer pour

  1. Le marquis Caraccioli.
  2. Voir la fin de la Lettre, où les personnages sont nommés.