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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

m’empêcher d’en être le secrétaire, manœuvres auxquelles je n’ai opposé que le silence, et je puis ajouter, en parlant à mon ami, la voix publique et le vœu des deux tiers au moins de mes confrères. Nous éprouvons encore en ce moment, dans cette même Académie, des tracasseries et des intrigues odieuses à l’occasion des deux choix très-bons que nous venons de faire[1], et que nos f…… prêtres, le maréchal de Richelieu à la tête, ont fait rejeter par le Roi, en employant la calomnie pour le tromper. Mais tout cela ne vous fait rien, comme de raison revenons à l’Académie des Sciences. Quand je vous dis que vous y êtes encore mon confrère, la chose n’est pas absolument finie il faut que votre élection soit confirmée par le Roi ; mais il n’y a aucune raison de douter qu’elle ne le soit, et sitôt que la chose sera finie, ce qui sera dans huit ou dix jours ; M. de Fouchy vous écrira, au nom de l’Académie, à laquelle vous ne manquerez pas d’écrire alors une Lettre de remercîment adressée au secrétaire. Vous pourrez aussi, en même temps, m’écrire un mot d’honnêteté, comme vous avez déjà fait, pour MM. Cassini, Lemonnier, Lalande même, qui ont concouru avec grand plaisir à votre élection (car le marquis de Condorcet et l’abbé Bossut n’ont point encore de voix, ce qui est absurde et ridicule, mais conforme à nos dignes usages). Je leur ai déjà dit, ainsi qu’à MM. Cassini et Lemonnier, que vous étiez très-reconnaissant de leur suffrage pour le prix. À propos de ce prix, il y a un homme qui jette les hauts cris et qui déclame contre l’injustice qu’il prétend qu’on lui a faite c’est l’auteur[2] de la pièce Victi penetralia cœli, dont il est parle dans le programme, que vous aurez peut-être déjà vu. Il est pourtant vrai qu’il n’a été que trop bien traité. Mais qui se noie, comme dit le proverbe, s’accroche où il peut. J’ai écrit au Roi il y a quelques jours ; je lui ai parlé

  1. Le 7 mai, l’Académie française avait élu l’abbé Delille, alors régent au Collége de la Marche, et Suard. Mais, à la séance du 9, une Lettre du duc de La Vrillière annonça à la Compagnie que le Roi non-seulement ne ratifiait pas, mais blâmait les choix qu’elle avait faits. Malgré l’irritation qu’elle éprouva de cette décision, obtenue par une cabale de la cour, l’Académie dut se soumettre et se résigner à porter ses voix sur d’autres candidats. Le 23 mai, elle élut de Bréquigny, déjà associé de l’Académie des Inscriptions, et le grammairien Beauzée.
  2. Le P. Frisi, comme d’Alembert l’écrit plus tard dans la Lettre du 22 août.