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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

et prenez part à ma peine, car elle est grande, et l’espérance d’en sortir est bien faible.

Il est vrai que j’ai recommandé très instamment au Roi M. Beguelin ; mais par la réponse (d’ailleurs très favorable) qu’il m’a faite, je crains qu’il ne se soit trompé et qu’il n’ait cru que je lui parlais de M. Weguelin[1]. Je tâcherai de le détromper dans ma réponse. Si je n’oblige pas M. Beguelin, assurez-le bien que ce ne sera pas ma faute, et faites-lui mille compliments de ma part.

C’est moi qui ai parlé à Sa Majesté du chimiste suédois dont votre Lettre fait mention. Ne trouvant point ici, comme vous le désiriez, de personnes qui pussent ou qui voulussent aller succéder à M. Margraff, j’ai appris qu’il y avait en Suède (à Stockholm ou à Upsal) un très habile homme en ce genre, nommé, si je ne me trompe, M. Scheele[2], et j’en ai parlé au Roi, mais sans aller plus loin ; le Roi même ne m’a rien répondu à ce sujet. Vous ferez de cette confidence l’usage que vous jugerez convenable ; et je ferai moi-même à ce sujet ce que vous désirerez.

Je vous serai très obligé, puisque cela ne vous contraindra pas trop, de m’envoyer la copie de mes anciennes objections sur votre théorie des ressorts, avec vos réponses. Je voudrais reprendre cette matière, que j’ai entièrement perdue de vue ; tout ce que je vous ai écrit là-dessus sera pour moi aussi nouveau que le serait l’Ouvrage d’un autre, et je veux savoir s’il y a à tout cela le sens commun, de quoi je doute beaucoup. Je travaille de loin à loin à quelques matériaux pour un septième Volume d’Opuscules, qui, jusqu’à présent au moins, n’ont rien de fort intéressant pour vous, mais qui servent au moins à me distraire et à me faire supporter la vie.

  1. En effet, le 17 mars 1776, Frédéric écrivait à d’Alembert : « Pour M. Beguelin, dont je connais le mérite, je ne négligerai pas, en temps et lieu, d’avoir égard à votre recommandation. (Œuvres, XXV, p. 40.)

    Jacques Weguelin ou Wegelin, historien, érudit, né à Saint-Gall le 19 juin 1721, mort à Berlin le 8 septembre 1791. Il était membre de l’Académie depuis le 13 novembre 1766.

  2. Charles-Guillaume Scheele, né le 29 décembre 1742 à Stralsund, mort le 24 mai 1786 à Kœping.