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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

151.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 30 mars 1778.

Mon cher et illustre ami, M. Bitaubé vous aura rendu compte de ce que j’ai fait au sujet de M. Jourdan et de l’impossibilité où je me suis trouvé de lui être utile. Mettez-moi à portée de vous obliger plus efficacement et soyez sûr de mon zèle, dont vous connaissez la vivacité pour tout ce qui vous intéresse.

Je crois que nous remettrons encore, au moins en partie, le prix des comètes ; ainsi je vous invite, je vous exhorte et je vous supplie de vouloir bien nous envoyer pour 1780 quelque chose sur ce sujet.

Vous n’avez pas besoin de m’assurer que vous n’aviez aucune part au programme absurde et ridicule de votre Classe de Métaphysique[1]. J’en avais bien assuré le Roi d’avance[2], et il n’a pas eu de peine à le croire, par la très-juste estime qu’il a pour vous. C’est moi qui ai engagé le Roi à faire proposer le sujet : S’il est utile de tromper le peuple. Je conviens que vous aurez vraisemblablement bien du bavardage à ce sujet ; mais la question, traitée comme elle peut l’être par un philosophe, doit être intéressante.

Vous avez très-bien fait de ne pas parler de mon Mémoire de 1748 dans vos recherches sur les intégrales particulières, d’autant plus que ces intégrales n’étaient pas mon objet dans les recherches que je faisais alors mais je crois que M. Euler aurait dû le citer dans son Mémoire de 1756, où il ne fait que répéter en plusieurs pages ce que j’avais, ce

  1. Voir plus haut, p. 332, note i.
  2. « Le dernier sujet proposé m’a paru bien étrange par son inintelligibilité ; je n’ai vu personne qui ne pensât comme moi là-dessus, et je suis bien sûr que mon ami La Grange n’a pas été consulté il aurait certainement épargné à l’Académie le désagrément de voir ses questions tournées en ridicule. » (Lettre de d’Alembert à Frédéric II, du 22 septembre 1777, Œuvres de Frédéric II, t. XXV p. 86).