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M. Lambert et qui est déjà avantageusement connu par plusieurs pièces de sa façon, insérées dans les cinq Volumes d’Éphémérides que l’Académie a publiés jusqu’ici en allemand. Il y a aussi quelque chose de lui dans le Recueil des Tables astronomiques que je vous ai envoyé par M. Thiébault. Sa Majesté vient de lui donner une pension de 400 écus, dont il avait grand besoin ; comme c’est encore un jeune homme et qu’il n’a d’autre occupation que l’étude, nous avons tout lieu de nous féliciter de son acquisition.

Vous avez bien raison de croire que je n’ai eu aucune part au programme de Métaphysique. Cette science, si c’en est une, n’est nullement de mon gibier. Il me semble que chaque pays a presque sa Métaphysique particulière comme sa langue, et la question proposée est de Métaphysique allemande et leibnitzienne.

Vous aurez sans doute appris que Sa Majesté a fait proposer une autre question : S’il est utile de tromper le peuple[1]. On s’attend à recevoir sur cette dernière bien du bavardage.

La principale raison pour laquelle je n’ai pas cité votre Mémoire de 1748 dans mes recherches sur les intégrales particulières, c’est parce que j’ignorais si vous seriez bien aise d’être cité après Clairaut, et je ne pouvais d’ailleurs m’empêcher de rendre à ce dernier la justice que ses compatriotes même avaient oublié de lui rendre sur ce sujet. Je me flatte que vous ne m’en saurez pas mauvais gré.

Adieu, mon cher et illustre ami, il ne me reste de papier que pur vous embrasser et vous prier de ne pas oublier celui qui vous aime et vous respecte plus que personne dans le monde.


  1. « L’Académie a fait imprimer, dans le mois de novembre 1777, un programme à part, par lequel la Classe de Philosophie spéculative propose la question suivante : Est-il utile au peuple d’être trompé, soit qu’on l’induise dans de nouvelles erreurs ou qu’on l’entretienne dans celles où il est ? » [Nouveaux Mémoires de l’Académie de Berlin, année 1777, p. 14.) C’est à l’instigation de d’Alembert, comme on le verra dans la Lettre suivante, que Frédéric II avait fait proposer cette question.