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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

remercier aussi de mon côté de ce que vous avez fait dans cette occasion.

Notre ami le marquis de Condorcet m’a envoyé depuis peu votre nouveau programme, par lequel je vois que le prix sur les comètes est de nouveau renvoyé à 1780[1]. Je me promets bien de concourir cette fois, quoique, à vous dire vrai, je voie bien peu de jour à pouvoir dire sur cette matière quelque chose de nouveau et de supportable. Je tâcherai néanmoins de faire ce que je pourrai.

J’ai relu, ces jours passés, à l’occasion du Mémoire de M. de la Place sur le flux et reflux de la mer, votre Ouvrage sur la cause des vents[2], que j’avais étudié dans ma jeunesse et que j’avais toujours regardé comme le premier de tous vos Ouvrages, par la beauté, la nouveauté et la multiplicité des méthodes qu’il renferme. Cette nouvelle lecture n’a fait qu’augmenter l’idée que j’avais conçue du mérite de cet Ouvrage et me confirmer dans l’opinion que c’est ce qu’il a paru de plus original depuis la naissance des nouveaux calculs jusqu’à présent. Mon attachement pour vous n’a assurément aucune part à ce que je vous en dis ; c’est uniquement l’excès de l’admiration qu’il m’a causée qui m’oblige à vous en parler ainsi. Les nouveaux pas que M. de la Place a faits dans la théorie du flux et reflux sont dignes de lui et du rang qu’il tient du premier de vos disciples en France. S’il continue ainsi, votre patrie n’aura pas à craindre le sort de l’Angleterre après la mort de Newton.

  1. « L’Académie avait proposé, pour l’année 1778,un prix double : Sur la théorie des perturbations que les comètes peuvent éprouver par l’action des planètes. Elle a trouvé, dans la pièce qui a pour devise Non jam prima peto Mnestheus, nec vincere certo, des recherches ingénieuses et utiles à la solution de la question proposée. En conséquence, elle a cru devoir accorder à l’auteur de cette pièce un prix simple mais, comme en même temps elle n’a pas trouvé dans cet Ouvrage une solution du problème aussi complète que l’état actuel de l’Analyse la mettait en droit de l’exiger, elle a proposé de nouveau la même question pour l’année 1780, avec un prix double, en exigeant des auteurs l’application de leur méthode à la comète qui a été observée en 1532 et en 1661, et dont on attend le retour vers les années 1789 et 1790, de manière que l’on puisse appliquer immédiatement à leurs formules le calcul arithmétique » Mémoires de l’Académie de 1778, Histoire, p. 47.

    L’auteur de la pièce couronnée était Fuss, membre de l’Académie de Pétersbourg et élève d’Euler.

  2. Réflexions sur la cause générale des vents, 1744, 1747, in-4o ; rare.