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Je vous remercie du beau discours que vous m’avez envoyé ; et que j’ai lu avec le plus grand plaisir ; mais je suis trop profane en ce genre pour pouvoir en juger. J’ai écrit depuis peu au marquis de Condorcet pour le féliciter sur ce que sa pièce sur les comètes a partagé notre prix double[1]. Quoiqu’il n’ait pas encore répondu à ma Lettre ni à celle de M. Formey, je compte qu’il les a reçues. Si sa pièce eût contenu quelque application particulière, elle aurait pu avoir le prix en entier, mais j’aurais été accusé de partialité si j’avais voulu insister sur cela.

Adieu, mon cher et illustre ami ; je vous embrasse de tout mon cœur, et je me recommande à votre amitié. Nous allons avoir une terrible guerre[2]. Dieu veuille au moins que l’incendie ne vienne pas jusqu’ici.

À Monsieur d’Alembert, secrétaire perpétuel de l’Académie française,
de l’Académie royale des Sciences, etc., au vieux Louvre, à Paris
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153.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 14 septembre 1778.

Il y a longtemps, mon cher et illustre ami, que je vous dois une réponse. Comme je n’ai rien de fort intéressant à vous mander et que je vous sais occupé à de meilleures choses, je vous épargne cet ennui. Mais les sentiments que j’ai pour vous n’en souffrent pas, et vous pour-

  1. Il fut partagé entre Condorcet et M. Tempelhoff, capitaine d’artillerie dans l’armée prussienne.
  2. Lagrange ne parle pas, comme on pourrait le croire, de la guerre que la France, alliée des États-Unis d’Amérique, déclara à l’Angleterre le jour même (10 juillet) où il écrivait à d’Alembert. Il s’agit de la guerre fort courte commencée par Joseph II, qui, à la mort de l’électeur Maximilien-Joseph de Bavière, avait voulu s’emparer, sur l’électeur palatin Charles-Théodore, d’une partie du Palatinat. Les hostilités furent terminées le 13 mai 1779 par le traité de Teschen, grâce à l’intervention de Frédéric II, qui soutenait les droits de l’électeur. Loin d’être terrible, comme le craignait Lagrange, cette guerre eut si peu d’importance, que le peuple allemand lui donna le surnom de guerre des pommes de terre.