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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

non plus, voici ce que je pourrais faire ce serait de vous écrire une grande Lettre où je traiterais fort sommairement différentes matières et où (ce qui est plus important et plus cher pour moi) j’aurais occasion de vous rendre, sans avoir aucun air de flatterie, la justice que vous méritez. Vous pourriez donner à cet écrit le titre d’Extrait de différentes Lettres de M. d’Alembert à M. de la Grange[1] ; ce serait comme une espèce d’analyse des principales choses que je dois traiter dans le quatrième Volume de mes Opuscules. Voyez si cela vous convient, et, en ce cas, dites-moi dans quel temps il faudra que cela soit prêt. Vous pouvez compter sur ma parole, pourvu que j’aie du temps devant moi, car je ne veux ni ne puis me presser ; ma santé ne me permettant pas un long travail de suite sur la même matière.

J’oublie de vous dire que j’ai trouvé dans mes paperasses une vieille Lettre de Leibnitz à Varignon, bien authentique et signée de sa main. Elle ne vaut pas grand’chose, mais je vous l’envoie pour en faire l’usage que vous jugerez convenable[2]. Encore une fois je voudrais fort vous faire le plaisir que vous me demandez au sujet de la Préface mais cette besogne me rit peu, surtout dans un moment où j’ai beaucoup de choses commencées et peu de temps pour les finir. Adieu, mon très-cher et très-digne ami vous avez bien raison de dire qu’fun voyage (et surtout en Italie) serait peut-être le plus sûr et le plus prompt moyen de me rétablir ; mais il faudrait pour cela être assez à mon aise pour faire le voyage tout seul, car je ne veux point de compagnon. M. Watelet seul me convenait, et je n’en retrouverais pas aisément un autre. Or, il s’en faut beaucoup que je sois en état de voyager sans me gêner. C’est tout ce que je puis faire, avec les charges que j’ai, d’attraper le bout de l’année en vivant avec beaucoup d’économie je ne m’en plains pas, car vous êtes encore plus maltraité dans votre pays que je ne le suis dans le mien. Il faut s’en consoler.


  1. C’est en effet le titre qui fut adopté par Lagrange.
  2. Cette Lettre sur les Inclinations centrales est insérée dans le Tome III de l’édition de Leibnitz, de Dutens, page 404, avec la mention suivante : Communiquée à l’éditeur par M. d’Alembert.