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14.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, ce 20 mars 1765.

Mon cher et illustre ami, je vous remercie de votre Lettre du 2 ; elle est toute pleine d’amitié et de confiance, et calme un peu mes inquiétudes sur votre santé ; je crois que vous avez bien fait de renoncer aux remèdes des médecins ; votre estomac, délabré par le travail, ne veut pas être tracassé, et il ne lui faut, à mon avis, que du régime et du repos.

Je brûle de voir votre Histoire de la destruction des Jésuites. Il n’y en a encore ici qu’un exemplaire, que je sache ; il est entre les mains du cardinal delle Lanze[1] ; mais nos libraires ne seront pas longtemps sans en recevoir, pourvu néanmoins qu’ils ne tombent pas entre les griffes d’une certaine bête qui guette toujours avec une extrême vigilance tous les Livres nouveaux, et surtout ceux qui viennent de delà les monts. Au reste, comme cet Ouvrage est plutôt contre que pour les Jésuites, il est à espérer qu’il trouvera grâce devant nos fous en istes[2] et qu’ainsi on le laissera passer librement.

Je recevrai avec le plus grand plaisir le Mémoire dont vous voulez bien honorer notre troisième Volume[3]. La forme que vous croyez devoir lui donner, pour éviter toutes tracasseries, n’en est que plus honorable pour moi et peut-être aussi plus convenable à l’état présent de notre Société. Vous pouvez prendre pour cela autant de temps que vous voudrez ; nous ne sommes nullement pressés.

Je vous remercie de la Lettre de Leibnitz que vous avez eu la bonté de m’envoyer ; je l’ai déjà mise à sa place dans le recueil des pièces

  1. Charles-Victor-Amédée delle Lanze, de Turin, créé cardinal en 1747.
  2. Voir plus haut, p. 34.
  3. Voir plus haut, p. 34.