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j’aie dans la tête bien des projets d’Ouvrages et de travaux de différente espèce. Je ne sais si je vous ai dit que j’ai changé de logement et que je demeure à présent en meilleur air, rue Saint-Dominique, faubourg Saint-Germain, vis-à-vis Bellechasse. Je dois vous apprendre aussi qu’on s’est enfin lassé de me refuser cette misérable pension, qu’à la vérité je n’ai jamais demandée, mais que l’Académie demandait vivement pour moi. J’en ai fait au ministre un remercîment très-succinct et très-sec, et je me sais bon gré de n’avoir démenti dans cette ridicule affaire ni mes principes ni ma conduite antérieure, dont j’espère, par la grâce de Dieu, ne me jamais départir. Adieu, mon cher ami, faites à l’écrit que je vous envoie les changements que vous jugerez à propos ; vous sentez que je vous en laisse le maître. Je vous souhaite bonne santé, bon an et longues années. A-t-on fait enfin quelque chose pour vous ?


21.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, ce 1er janvier 1766.

Mon cher et illustre ami, votre dernière Lettre m’a jeté dans de grandes inquiétudes en m’apprenant le mauvais état de votre santé j’ai cru devoir m’abstenir de vous écrire pendant quelque temps pour ne pas troubler votre repos ; mais, enfin, l’impatience où je suis de savoir de vos nouvelles m’oblige à rompre le silence.

Je vous remercie de l’accueil obligeant que vous avez fait à M. Dutens. Vous trouverez en lui, si l’occasion vous vient de le pratiquer davantage, l’homme du monde le plus honnête et le plus cordial. J’ai vu M. Desmarets, qui m’a apporté une de vos Lettres[1], et j’ai été très-

  1. Voir plus haut, p. 41, Lettre 16.