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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

Connaissez-vous un Livre italien, Dei delitti e delle pene[1], fait par un gentilhomme milanais qui me paraît penseur et vertueux ? Adieu mon cher ami, ma faiblesse ne me permet pas de vous en dire davantage. Comptez sur ma parole, sur mon amitié et sur tout l’intérêt que je prends à ce qui vous regarde. Je vois qu’on ne vous traite pas mieux dans votre pays qu’on ne me traite dans le mien ; mais les étrangers vous rendront justice. Elle vous est encore plus due qu’à moi, qu’ils traitent avec tant de bonté. Je vous embrasse de tout mon cœur. Vous auriez perdu dans moi l’homme du monde qui vous aime et qui vous estime le plus.


20.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 28 décembre 1765.

Mon cher et illustre ami, voilà ce que je vous ai promis. Je crains d’arriver un peu tard ; je crains même que vous ne puissiez pas lire ce griffonnage, qu’il m’est impossible de recopier. Je désirerais cependant que ma peine ne fût pas perdue et que cet écrit parût dans votre troisième Volume ; ce ne sont que des germes d’idées dont je vous ai déjà communiqué la plus grande partie, mais le titre du Mémoire lue servira d’excuse de ne les avoir pas plus développées, d’autant plus que je ne travaille encore que très-peu, et peut-être encore que trop mais il m’est impossible d’être oisif. Je compte que vous aurez reçu une Lettre que je vous ai écrite il y a quelque temps et où je vous parlais de la maladie dangereuse à laquelle j’ai pensé succomber au mois d’août dernier. Ma santé se rétablit, mais elle a grand besoin de ménagement, et je suis résolu de tout sacrifier à cet objet, quoique

  1. C’est le célèbre Traité du marquis de Beccaria, né à Milan le 15 mars 1738, mort le 28 novembre 1794. Il avait paru l’année précédente à Milan.