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ce qu’on me mande, je ne doute pas que le roi de Prusse ne tînt toujours son marché avec vous et qu’il ne fût charmé d’avoir fait pour son Académie une aussi brillante conquête que la vôtre. Voyez donc, mon cher et illustre ami, ce que vous voulez faire, et répondez-moi promptement sur cet objet, car le roi me mande de ne point perdre de temps pour vous faire cette proposition. J’attends votre réponse avec impatience, en vous embrassant de tout mon cœur.

Ma santé est toujours bien variable et a grand besoin de régime ; je ne vous parle point de mes travaux outre qu’ils sont peu considérables, vu mon état, je ne veux vous parler aujourd’hui que de l’affaire qui fait l’objet de cette Lettre, et qui sera également glorieuse pour vous, quelque parti que vous preniez. Adieu, mon cher et illustre ami ; je vous embrasse iterum.

D’Alembert.

29.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, ce 10 mai 1766.

Mon cher et illustre ami, vous aviez raison d’être fâché qu’on n’eût eu aucun égard jusqu’ici à tout ce que vous aviez fait pour moi, et qu’après les belles espérances qu’on m’avait données à Paris on me laissât depuis deux ans dans un très-profond oubli ; mais votre dernière. Lettre vous a bien vengé. On a été très-choqué de voir que le roi de Prusse faisait assez de cas de moi pour me faire des offres aussi avantageuses (car ici l’intérêt est la commune mesure de tout), et on a fait ce qu’on a pu pour me détourner de les accepter. On en est venu jusqu’à vouloir me faire un crime de ce que je paraissais disposé à en profiter ; mais enfin, me trouvant inébranlable, on a changé de ton et