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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

que je ne suis pas tout à fait indigne de succéder à M. Euler, mais il ne me séduit point jusqu’à me persuader que je suis en état d’occuper une place qui vous était destinée. D’ailleurs je veux pouvoir vivre en philosophe et faire de la Géométrie à mon aise. Quant à la personne que vous savez[1], vous pouvez, sans crainte de vous compromettre, rendre à qui que ce soit les plus grands témoignages de sa capacité, surtout dans les sciences dont vous me parlez, puisqu’il y a été élevé pendant dix ans et qu’il ne s’y est pas moins distingué que dans tout le reste. Je vous embrasse de tout mon cœur.

P.-S. Ce que vous avez demandé pour mon voyage me paraît très-convenable ; je vous avoue que j’ai une espèce de répugnance à demander pour moi, et je vous serai très-obligé de me permettre de remettre toute cette affaire entre vos mains. Dès que j’aurai obtenu mon congé, je vous l’écrirai sur-le-champ et à M. de Catt aussi. J’oublie de vous dire que M. Euler m’a proposé d’aller avec lui à Pétersbourg ; vous jugez bien que je l’en ai remercié.

Adressez toujours vos réponses à M. Bouvier, agent du roi de Sardaigne à Lyon, pour M. Martin, banquier à Turin.


35.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, ce 5 juillet 1766.

Mon cher et illustre ami, je viens enfin d’obtenir mon congé, et je le dois à une Lettre que le roi de Prusse a fait écrire à son ministre pour me demander au roi de Sardaigne d’une manière également obligeante pour lui et honorable pour moi. Voilà ce qu’on voulait ici ;

  1. M. de Foncenex.