Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/82

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dire différentes choses sur l’Académie, le pays et le roi même, et sur les gens que vous trouverez dans votre nouvelle patrie.

J’ai grande impatience de voir votre nouveau Volume et de causer avec vous de ce qu’il contient. Je réimprime actuellement mon Traité des fluides, et, outre cela, j’imprime deux Mémoires sur les verres optiques dans le Volume de 1764, qui est sous presse. J’ai pensé aussi au problème de la précession des équinoxes, et je me suis bien convaincu que ni Simpson, ni le chevalier d’Arcy, ni le……… Lalande, barbet de Simpson, n’y ont rien entendu.

Ma santé est assez bonne, mais ma tête n’est plus guère propre à un long travail. C’est une sottise que ce que les gazettes ont avancé au sujet de mon voyage avec Mme Geoffrin. Elle est actuellement à Varsovie, mais sans moi, et, si elle va à Pétersbourg, ce sera sans moi aussi. Adieu, mon cher et illustre ami ; je vous embrasse d’avance de tout mon cœur, en attendant que je vous embrasse en réalité et que je vous félicite, et moi aussi, et l’Académie aussi, et le roi de Prusse aussi, de la bonne acquisition qu’ils vont faire. Iterum vale.

À Monsieur de la Grange,
de la Société royale des Sciences de Turin, à Turin
.

(Au bas de cette Lettre se trouve cette note, de la main de Lagrange, qui, comme le prouve l’écriture, a dû l’ajouter dans sa vieillesse :)

N.-B.M. de la Grange est parti de Turin au commencement d’août 1766[1] ; il a été à Paris, où il ne s’est arrêté que quinze jours ; de là il a été à Londres chez le marquis Caraccioli, ambassadeur de Naples, et il s’est embarqué pour Hambourg, d’où il est arrivé à Berlin dans le commencement de novembre. Il n’a plus quitté Berlin que pour venir à Paris au mois de juin 1787.


  1. Le 26 juillet, Frédéric II écrivait à d’Alembert « Le sieur de la Grange doit arriver à Berlin ; il a obtenu le congé qu’il sollicitait, et je dois à vos soins et à votre recommandation d’avoir remplacé dans mon Académie un géomètre borgne (Euler) par un géomètre qui a ses deux yeux… La modestie avec laquelle vous vous comparez au sieur de la Grange élève votre mérite au lieu de le rabaisser, et ne me fera pas prendre le change sur ma façon de penser et sur l’estime que j’ai pour vous. » (Œuvres, t. XXIV, p. 407.)