Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/84

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ne m’a presque point incommodé, quoique j’y aie été environ quatorze heures, à cause de la contrariété du vent. J’ai vu ici le ministre du roi de Prusse, lequel m’a assez bien accueilli. Il m’a promis de me recommander à Hambourg et de me procurer toutes les facilités possibles pour mon embarquement ; je n’en ai pas encore fixé le jour, mais ce sera infailliblement dans le courant de la semaine prochaine. Je ne manquerai pas d’écrire à M. de Catt avant de partir d’ici, et j’aurai soin de lui marquer la route que je vais prendre aussi bien que le temps auquel je pourrai arriver à Berlin, en supposant que j’aie, comme je l’espère, une navigation assez favorable. Je ne puis vous exprimer, mon cher ami, tout le regret que j’ai de vous avoir si tôt quitté ; le plaisir de voir Londres ne saurait me dédommager de la centième partie de celui dont je me suis privé en m’éloignant de vous. Le marquis Caraccioli[1], chez qui je suis, a soin de me rendre ce séjour le plus agréable qu’il lui est possible ; il me promène et il me montre partout, mais je n’ai pas assez de curiosité pour pouvoir sentir tout le prix de ses attentions.

Adieu, mon cher et illustre ami ; conservez-moi votre précieuse amitié, et croyez que rien n’altérera jamais les sentiments que je vous dois et que je suis bien flatté de vous devoir. Je vous embrasse de tout mon cœur.

À Monsieur d’Alembert, de l’Académie française,
                de l’Académie royale des Sciences de Paris, etc.,
        rue Saint-Dominique, faubourg Saint-Germain,
                    vis-à-vis Belle-Chasse, à Paris
.

  1. Dominique, marquis Caraccioli, né à Naples en 1715, mort en 1789. Il fut successivement ambassadeur à Turin, en Angleterre et en France, puis vice-roi de Sicile. Il était très-lié d’amitié avec d’Alembert, Diderot, Condorcet, etc.