Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 13.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon cœur. Ma santé est passable, mais ma tête est toujours fort peu capable d’application. Je profiterai du peu de bons moments qu’elle aura pour vous envoyer les extraits que je vous ai promis. Iterum vale.

À Monsieur de la Grange,
de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Prusse, à Berlin
.

40.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Berlin, ce 3 novembre 1766.

Mon cher et illustre ami, je suis ici depuis cinq ou six jours ; j’en ai passé trois à Potsdam, où M. de Catt a eu pour moi toutes sortes de bontés. Il m’a présenté au roi et à tous les princes, et j’ai été fort bien reçu partout. Sa Majesté a daigné m’entretenir deux fois de différents sujets. Il m’a paru qu’elle n’était pas mécontente de moi. Je le suis infiniment d’elle[1]. Vous devez avoir appris qu’elle a fait pour moi beaucoup plus que je n’avais demandé. Elle m’a nommé tout de suite directeur de la Classe mathématique avec la pension attachée à cette place, laquelle est de 200 écus, de sorte que ma pension est actuellement de 1700 écus. Elle a voulu de plus que cette pension commençât à compter depuis le temps de mon engagement, c’est-à-dire de la date de votre Lettre, ce qui m’a fait une somme de 850 écus que j’ai touchée en arrivant ici. Vous voyez par là que ma situation est très-agréable et qu’elle ne me laisse point regretter d’avoir quitté ma patrie.

Ma santé est bonne, mais elle a grand besoin de repos. Je suis venu de Londres à Hambourg par mer, comme je l’avais projeté. Ce voyage

  1. Lagrange, par un lapsus calami, dit le contraire de ce qu’il voulait dire. Il aurait dû écrire « Je suis infiniment content. »