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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

45.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, le 4 avril 1767.

Mon cher et illustre ami, mes yeux sont devenus un peu faibles aux lumières, qui est le temps où j’écris mes Lettres ; c’est pour cela que je me sers d’une main étrangère[1]. Ma santé est d’ailleurs assez bonne, mais si facile à s’altérer par le moindre dérangement, que je n’espère pas de vous voir cette année et que je ne sais pas quand je pourrai avoir cette satisfaction. Je suis charmé que vous soyez content de mon cinquième Volume, et en particulier de ce que mes réflexions sur l’inoculation ne vous ont point déplu. Vous verrez dans nos Mémoires de 1760 que Daniel Bernoulli, presque pour unique réponse, m’exhorte à me mettre au fait des matières que je traite[2] ; je répondrai de la bonne sorte à cette politesse de sa part.

Comme je suis occupé de différents objets, je n’avais point d’abord voulu penser à chercher votre formule sur les tautochrones ; cependant, comme elle m’a paru fort élégante, j’ai fait quelques tentatives à ce sujet et j’en ai trouvé une plus générale par une méthode fort simple :

  1. La Lettre n’est que signée par d’Alembert.
  2. Daniel Bernoulli avait envoyé à l’Académie, sur la mortalité causée par la petite vérole et sur l’inoculation, un travail qui, résumé d’abord dans la partie Histoire (p. 99-108) du Volume de l’année 1760 (paru seulement en 1766), fut inséré en entier dans la partie du même Volume consacrée aux Mémoires (p. 1-46). D’Alembert en avait eu connaissance avant qu’il fût publié, et, pour le réfuter, il écrivit les Réflexions citées plus haut, auxquelles Bernoulli répondit à son tour par des notes qu’il ajouta à son Mémoire lorsqu’il fut livré à l’impression.

    C’est à la note de la page 18 que se trouvent les passages auxquels fait allusion d’Alembert. On y lit « Dans une critique de ce Mémoire qu’on a fait imprimer longtemps avant que le Mémoire l’ait été … Je souhaiterais que l’auteur de cette critique prit la peine de faire à son gré une distribution des 100 ou 101 personnes qu’on sait positivement que la petite vérole enlève communément sur une génération de 1300 enfants : il verrait s’il est possible de concilier sa critique avec ce qu’il dit… »