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DE LAGRANGE AVEC D’ALEMBERT

46.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 24 avril 1767.

Je ne sais, mon cher et illustre ami, si vous aurez le talent et la patience de déchiffrer l’abominable grimoire que je vous envoie[1] ; mais il ne m’a pas été possible de me résoudre à le recopier, premièrement par le temps que cela m’aurait fait perdre et secondement parce que j’ai remarqué que d’écrire fatigue beaucoup mon estomac, en conséquence de quoi j’écris le moins qu’il m’est possible. Ce qui me tranquillise un peu, c’est que vous êtes accoutumé à mon griffonnage, sur lequel vous avez eu la bonté de jeter souvent les yeux ; mais de quoi je doute fort, c’est que les imprimeurs puissent se tirer de ce labyrinthe si vous le jugez digne de leur être confié. Je souhaite qu’il vous paraisse en valoir la peine ; dites-moi naturellement ce que vous en pensez. J’aurais été plus court si j’avais pu recopier ce Mémoire ; tel qu’il est, je vous l’abandonne ; ajoutez, retranchez, corrigez, en un mot faites-en ce qu’il vous plaira la seule chose que je vous demande, c’est de faire agréer à l’Académie cet hommage de mon attachement et de mon respect. Je ne manquerai point de lui fournir mon contingent tous les ans le mieux qu’il me sera possible, et peut-être recevrez-vous encore bientôt quelque autre chose de moi.

M. Dutens a passé ici en allant à Tours voir sa famille ; je ne l’ai presque vu qu’un moment, et ce moment a été employé presque tout entier à parler de vous ; il vous aime et vous estime comme il le doit, c’est-à-dire infiniment, et il est charmé de la manière dont vous réussissez à Berlin auprès de tout le monde.

M. de Castillon m’a écrit il y a quelque temps, et je lui ai fait

  1. C’est le Mémoire sur les tautochrones destiné au Recueil de l’Académie de Berlin et dont il est question dans la Lettre suivante de Lagrange.