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Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 2.djvu/126

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SUR LA
FIGURE DES COLONNES


(Miscellanea Taurinensia, t. V, 1770-1773.)

1. On a coutume de donner aux colonnes la figure d’un conoïde qui ait sa plus grande largeur vers le tiers de sa hauteur, et qui aille de là en diminuant vers les deux extrémités ; d’où résulte ce qu’on appelle vulgairement le renflement et la diminution des colonnes ; mais personne « que je sache n’a encore donné une raison satisfaisante de cette pratique ; car je ne crois pas qu’on puisse regarder comme telle celle que la plupart des Auteurs qui ont écrit sur cette matière apportent, et qui consiste dans la ressemblance qu’ils prétendent qu’une colonne doit avoir avec le corps humain. Il me paraît au contraire qu’il serait bien plus naturel de faire les colonnes plus minces en haut qu’en bas, et cela à l’imitation des troncs d’arbres qu’on a dû nécessairement employer dans les premiers bâtiments ; c’est ainsi que les anciens architectes en ont usé, comme on le voit par les ouvrages antiques qui sont restés à Rome, dans lesquels la plus grande partie des colonnes commencent à avoir leur diminution dès le bas ; mais comme Vitruve, qui est devenu le législateur des architectes modernes, prescrit formellement le renflement des colonnes, en disant qu’il faut ajouter quelque chose à leur milieu (Liv. III, Chap. II), quoique par la perte qu’on a faite des figures qui étaient jointes à son ouvrage on ignore la méthode dont il s’y prenait pour tracer la ligne du contour des colonnes, l’usage de renfler les colonnes au