Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 6.djvu/400

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comme toutes les éclipses rapportées dans notre Table ci-dessus, à l’exception des deux dernières, sont arrivées, la Lune étant assez éloignée de ses apsides, on trouvera aisément que la différence produite par le changement des équations dont nous venons de parler ne pourra guère monter à minute.

Il n’en serait pas de même pour les deux éclipses de 977 et 978, qui sont arrivées fort près des apsides de la Lune, où un degré de différence dans l’anomalie peut donner jusqu’à de variation dans l’équation du centre ; mais, puisque nous avons fait en sorte que les changements du mouvement moyen et de l’équation séculaire se compensent mutuellement au temps de ces éclipses, le lieu moyen de la Lune n’a point été altéré par ces changements.

44. Au reste, comme les observations qui nous ont été transmises par Ptolémée ne sont rapportées que d’une manière fort vague, et que d’ailleurs on sait qu’il est très-difficile de fixer le commencement ou la fin d’une éclipse de Lune, à cause de la pénombre et de l’atmosphère de la Terre, qui en rendent les phases douteuses et qui font que nos meilleurs Astronomes s’y trompent quelquefois de plusieurs minutes, malgré l’exactitude de nos instruments et les soins scrupuleux qu’on a coutume d’apporter à ces sortes d’observations, il s’ensuit qu’il y a très-peu de fond à faire sur les observations que nous venons de discuter ci-dessus pour en déduire l’équation séculaire de la Lune ; et si l’on joint à cette remarque celle que M. de la Lande a déjà faite sur l’incertitude des deux observations arabes de 977 et 978, au sujet desquelles feu M. Bevis, savant Astronome anglais, qui avait entre les mains une traduction du manuscrit arabe d’où elles sont tirées, lui dit qu’il avait de fortes raisons de douter si c’étaient de véritables observations ou de simples calculs (Astronomie, Article 1485), on conviendra sans peine que l’existence de cette prétendue équation séculaire est encore très-douteuse ; de sorte que, comme la Théorie y paraît en même temps contraire, le meilleur parti qu’il y aurait à prendre, du moins jusqu’à ce que le temps nous apporte là-dessus de nouvelles lumières, serait peut-être de rejeter entiè-