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vote définitif. Mais sans nous demander même si les épreuves ordinaires — parfois si superficielles et si puériles, — étaient en réalité bien probantes, il est bien des raisons de ne point souscrire aveuglément à ces éloges trop académiques. La première, c’est assurément le nombre infime des échecs ou plutôt des ajournements. Ajoutons-y les objurgations répétées des primiciers à l’encontre des promoteurs indiscrets et des examinateurs trop débonnaires et cette constatation deux fois renouvelée à un siècle de distance que, faute d’une sévérité suffisante, les grades ne cessent de s’avilir[1].

Le règlement de 1679 pour le droit, celui de 1707 pour la médecine introduisirent par voie de conséquence dans les examens des modifications à peu près semblables à celles qu’elles opérèrent dans les études. La collation des grades, comme l’enseignement lui-même, fut aux mains des seuls professeurs. Encore au xviie siècle, c’était la corporation toute entière qui constituait le jury. Tous les agrégés pouvaient, devaient même assister aux examens et y prendre part. Mais la plupart se montraient peu jaloux d’user de cette prérogative ou de remplir ce devoir. Ils n’assistaient pas à l’assignation des points[2]. S’ils venaient parfois à la discussion, c’était

  1. Disc. du proprimicier à l’assemblée du Collège des docteurs du 17 juillet 1770 : « Que les promoteurs soient attentifs à ne présenter que des sujets instruits et qui dans la récitation des points, qui est la principale chose qu’on demande, soient dressés de façon à ne pas faire rougir celui qui les présente et ceux qui les écoutent… Ce que j’ai dit du choix, de la capacité et des mœurs dans l’admission aux grades regarde respectivement toutes les Facultés… » A. V. D 35, fo 45.
  2. Délib. du Coll. des doct. du 13 mars 1638. À l’assignation des points d’un candidat nommé Avignon, il ne s’est trouvé, à part les régents, que six ou huit docteurs. Cependant, à la reddition des points, quand il s’agit de toucher le salaire, les docteurs sont tous présents, mais aucun ne veut argumenter. A. V. D 29, fo 182. — Le 28 juin 1642, on décide de faire un rôle des agrégés qui devront argumenter per turnum. Cette délibération n’est pas exécutée. A. V. D 29, fos 219 et 227. — Mêmes constatations en ce qui concerne les médecins, à l’égard desquels on prend, sans plus de succès, des mesures semblables. A. V. D 29, fo 234.