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de théologie et celle des arts ne recrutèrent jamais qu’une clientèle intermittente et incertaine et n’exercèrent point autour d’elles une bien grande attraction. Même avant que le collège des Jésuites et les séminaires diocésains soient venus leur faire une concurrence victorieuse, leur auditoire ne comprenait guère en dehors des collégiats, qu’un petit nombre d’Avignonais et de Comtadins[1]. Et, si parfois la liste de nos maîtres ès arts s’allonge jusqu’à compter trente, quarante et même, en 1747, quarante-huit noms, c’est que bon nombre de ces postulants, ayant fait ailleurs leur philosophie, ne viennent chercher à Avignon qu’un diplôme. Quant à la Faculté de médecine, elle était, pour jamais beaucoup prospérer, trop voisine de Montpellier, qui au xviiie siècle avait gardé tout son prestige et comptait encore quatre-vingt ou cent étudiants. Aussi ses professeurs, quel que fut leur mérite, ne groupaient-ils guère autour de leurs chaires qu’un auditoire tout local, grossi de quelques recrues faites dans les pays voisins, Arles et Sisteron, par exemple.

Seule, la Faculté de droit, dont l’antique renom persistait à travers les siècles, reçut toujours un grand nombre d’élèves régnicoles et étrangers. Sans doute Avignon et les diocèses de Carpentras, de Cavaillon, de Vaison lui fournirent la plus grande part de sa clientèle ; mais elle recueillit aussi bon nombre de juristes languedociens et provençaux, originaires notamment des diocèses de Fréjus, Apt, Sisteron, Digne, Arles, Embrun, Uzès, Pont-Saint-Esprit, Rodez ou Nîmes. Même il en vint, à diverses époques, de Gap, de Lyon, de Grenoble et d’Albi, pour citer seulement quelques-unes des villes dont les registres portent les noms. Ce concours vraiment extraordinaire d’étrangers, est-ce la science et la réputation des pro-

  1. A. V. D 143 à 145, passim.