Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/286

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distingué et surtout énergique, M. de Blauvac, prend en main l’affaire, se rend à Paris et appuyé d’ailleurs par le primicier, par nombre d’amis et par son frère, membre du conseil d’État, obtient qu’elle sera de nouveau examinée[1]. Mais le chancelier Séguier, très formaliste, soulève « mille difficultés. » Le roi était mineur et la demande des Avignonais ayant été plusieurs fois rejetée, il était délicat de la faire trancher par la régente. D’ailleurs, quels étaient exactement les privilèges généraux sur lesquels on se fondait ? Pouvait-on du moins représenter les lettres du comte de Provence et roi de Sicile, Charles II, celles des rois de France depuis François Ier ? Y avait-il à Avignon des lectures publiques et gratuites, comme dans les Universités régnicoles ? Y était-on en possession régulière du droit de « doctorer » ? Enfin beaucoup d’étudiants étrangers suivaient les cours de l’Université pontificale et y prenaient leurs grades : n’allait-on pas en « naturalisant » cette Université, « ruiner le droit d’aubaine et celui de naturalité requis pour l’obtention des bénéfices de France ? » — M. de Blauvac a réponse à tout et ses répliques sont péremptoires. On argue de la minorité du roi ? mais ce n’est pas une « nouveauté » qu’on réclame. Outre que la requête des Avignonais n’a jamais été formellement rejetée, il s’agit seulement de reconnaître et continuer un état de choses qui dure depuis plusieurs siècles. Voici les lettres de Charles II, fondateur des privilèges universitaires (on se garde de partir de Boniface VIII, vrai créateur de l’Université, en raison de ses démêlés avec Philippe le Bel, dont le souvenir est encore vivant). Les rois n’ont-ils pas hérité de ce prince ? Veut-on des listes de docteurs ? Toute l’Europe chrétienne peut en dresser ; — des témoignages sur la régularité des lectures ? Un acte public

  1. Délib. du Collège des docteurs des 6 et 21 nov. 1650, relatives à la mission de M. de Blauvac à Paris et aux dépenses qu’elle entraîna. A. V. D 30, fo 27.