Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/313

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teurs que l’Université s’agrège, seize sont pourvus de fonctions ecclésiastiques ou judiciaires. Et la proportion se maintient pendant tout le cours du xviiie siècle. Encore en 1789, à la veille de la disparition du Collège, dix-sept de ses membres sur quarante-sept occupent des fonctions étrangères à l’enseignement[1]. On sait d’ailleurs que l’assesseur de ville, qui était obligatoirement un légiste, fut souvent un agrégé[2]. En 1768, quand le roi de France, occupant Avignon et le Comtat, y établit des sénéchaussées, ce fut un agrégé, professeur perpétuel de droit français, M. de Guilhermis, qui devint lieutenant civil et criminel[3], et c’est encore un professeur de droit français, le célèbre Levieux de Laverne qui, en 1791, fut le premier maire de la Révolution triomphante[4]. Sous l’un ou l’autre régime, pontifical ou royal, c’est dans la corporation universitaire qu’Avignon aimait à voir prendre ses dignitaires et ses chefs.

    moment à réserver aux agrégés seuls les postes d’assesseurs dans les tribunaux. Le Collège des docteurs agrégés lui-même demanda que ce monopole ne lui fût pas attribué.

  1. Voir les listes des docteurs agrégés insérées, chaque année, dans les registres des gradués. A. V. D 136 à 154.
  2. Ce n’est pas ici le lieu d’insister sur les attributions si importantes de l’assesseur qui, en fait, à Avignon comme dans bien d’autres villes, dirigeait l’administration municipale.
  3. V. Teule, Chronologie des docteurs en droit civil de l’Université d’Avignon, p. 102.
  4. Ibid., p. 111. Levieux de Laverne avait été primicier en 1782 et assesseur de la ville. Il fut élu maire d’Avignon le 26 décembre 1791. Le Consulat avait été aboli le 27 février 1790, et la commune installée le 18 avril suivant, avec M. d’Armand, docteur agrégé en droit, comme maire (M. d’Armand fut remplacé, le 12 juin, par M. Richard). On sait d’ailleurs que la réunion du Comtat ne fut ratifiée par la Constituante qu’en septembre 1791. (Le vice-légat avait été chassé dès le 12 juin 1790 et s’était réfugié à Carpentras, d’où il partit au mois de décembre suivant.)