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les agrégés seuls. Cette doctrine que le Collège des docteurs maintenait rigoureusement quand il s’agissait d’autorité et de gouvernement, les papes l’avaient consacrée dans un tout autre esprit, par diverses décisions, notamment en 1684[1]. Mais les brefs pontificaux n’avaient pas rompu les liens qui unissaient à l’Université les docteurs simples qui habitaient Avignon ou le Comtat, et ces liens, les agrégés s’efforçaient sans relâche de les resserrer.

De l’avis du Collège, les docteurs non agrégés devaient être traités non comme des étrangers, mais « comme enfants de l’Université[2] ». Enfants, le mot est significatif et il indique à merveille l’idée de bienveillance et l’idée de subordination qui se retrouvent toutes deux dans les rapports des chefs de l’Université avec ces membres d’ordre inférieur et, si je puis dire, éternellement mineurs.

Tout d’abord, en ce qui concerne les docteurs ayant pris leurs grades dans d’autres Universités, ils sont, qu’il s’agisse de juristes ou de médecins, soumis à l’immatriculation. Sans cette formalité, ils ne peuvent exercer ni les professions juridiques, celle d’avocat, par exemple, ni la profession médicale. Les docteurs seuls des Universités fameuses sont admis à l’immatriculation, et comme certains abus s’étaient produits à ce sujet, on décide, pour éviter des surprises, que les lettres de l’immatriculé seront lues en plein Collège[3]. Toute imma-

  1. Un long procès, sur lequel on reviendra tout à l’heure, s’était engagé à Rome au sujet de la juridiction à laquelle les docteurs simples devaient être soumis. À ce propos, la congrégation du concile de Trente, à laquelle étaient réservés les litiges de cette nature, décida par un décret du 9 sept. 1684, que l’Université d’Avignon était constituée par les docteurs agrégés. Un bref d’Innocent XI du 17 oct. suivant consacra cette décision. (A. V. D 31, fos 166, 167 et 170 : Laval, 67.)
  2. A. V. D 30, fo 145 (5 janv. 1662).
  3. Délib. du Coll. des Docteurs des 13 juin 1662, 10 fév. 1667 et 24 oct. 1674. La première de ces délibérations décide de n’admettre à la matricule de l’Uni-