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en lui-même, fit naître cependant des brigues ardentes et éloigna, paraît-il, plus d’un candidat sérieux, qui répugnait à solliciter les suffrages des agrégés. On se préoccupa donc de le modifier et l’on s’arrêta, en 1659, à un de ces compromis, alors fort à la mode, en matières d’élections municipales par exemple, où l’on s’efforçait de combiner, dans un dosage savant, le système du choix et celui du hasard ou « du sort ».

Au moment du vote, chaque docteur remettait au primicier un bulletin portant six noms et l’on formait des six candidats qui, dans ce scrutin préparatoire, avaient eu le plus de voix, une sorte de liste d’admissibilité. Le primicier inscrivait alors chacun de ces six noms sur un « billet séparé qu’il passait dans une maille et mettait dans un chapeau ». On chargeait un petit enfant de tirer trois de ces billets et c’est sur les trois noms ainsi sortis que les docteurs étaient de nouveau appelés à voter « par ballottes affirmatives et par ballottes négatives ». Le docteur qui avait obtenu le plus grand

    registres des délibérations qu’en 1662, bien que cette insertion eût été prescrite par une délibération du Collège en date du 4 juin 1639 (A. V. D 20, fo 120). Dans une assemblée du Collège du 6 mai 1611, le primicier propose de choisir pour l’élection du primicier, un système plus convenable que celui qui était en usage afin de rendre plus libres les votes des docteurs. On propose trois modes d’élection : 1° per schedulas pro cujus arbitrio conficiendas ; 2° vel per schedulas sub formula et sine aliqua marca concipiendas ; 3° vel denique per ballottas. Après une longue discussion, la décision fut ajournée. Dans une nouvelle séance, tenue le 17 mai suivant, on décida que l’élection se ferait par bulletins. Les bulletins devaient être comptés avant d’être ouverts pour voir si leur nombre était égal à celui des votants ; s’il était supérieur, on recommençait l’opération. Les bulletins portant une marque devaient être annulés. Si un docteur voulait donner son suffrage à un autre candidat qu’aux deux qui étaient en ballottage (il semble donc qu’on n’admettait guère que deux candidatures) il devait apporter de chez lui un bulletin tout prêt portant ces mots : « Eligo in primicerium N… » On prenait les précautions les plus minutieuses pour éviter toute fraude. Les docteurs ne devaient s’approcher de la table que l’un après l’autre (la place du docteur le plus rapproché en était encore distante de cinq pas) et remettre leur bulletin plié au primicier. Si quelqu’un paraissait avoir deux bulletins à la main, il était privé du droit de suffrage