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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


projet d’André[1], mais de toute l’armée, « qui occupait le même rang que lui le jour de sa mise en réforme[2] ».

Un troisième projet, apporté par Étienne au Conseil des ministres, fut ajourné. — Je m’étais pourvu devant le Conseil d’État contre le décret de Félix Faure et de Billot qui m’avait révoqué de mon grade de capitaine dans l’armée territoriale, au titre d’État-Major[3], et j’avais persisté dans mon pourvoi, au contraire de Picquart[4], après le vote de l’amnistie. Je tenais, en effet, non seulement à retrouver, avec mon grade, la faveur, que j’avais réclamée et obtenue, « d’être employé, en cas de guerre, à un État-Major de première ligne[5] », mais aussi à faire prononcer le Conseil d’État sur une question d’ordre plus général : le droit pour

  1. Voir p. 482.
  2. Chambre des députés, séance du 13 juillet 1906, rapport de Messimy. — L’exposé des motifs, signé d’Étienne, précise que « ces officiers, moins anciens que Picquart dans le grade de lieutenant-colonel ou d’une ancienneté égale » étaient déjà parvenus au grade de général ; le plus ancien de ces officiers généraux (le général Prot) avait été promu du 11 juillet 1903.
  3. Voir t. III, 634 à 639.
  4. Voir p. 152.
  5. Lettre, du 13 juin 1895, du général Zurlinden, alors ministre de la Guerre, dans le cabinet Ribot. J’avais été attaché précédemment à l’État-Major de Galliffet qui commandait en première ligne. Galliffet ayant pris sa retraite, j’avais été désigné par Zurlinden pour l’État-Major d’une division qui ne me semblait pas devoir être employée dans les mêmes conditions. J’adressai, en conséquence, une réclamation à Zurlinden qui m’écrivit : « La situation que je vous ai attribuée répond au contraire tout à fait à votre très honorable désir et c’est dans cette intention que je l’ai choisie pour vous. Vous voudrez bien comprendre que j’ai le devoir de conserver scrupuleusement le secret de notre mobilisation et de la répartition de nos forces de première ligne. Mais, sans trahir le secret, je puis vous donner l’assurance que je ne pouvais vous donner une situation plus conforme aux sentiments de patriotisme que vous avez bien voulu m’exprimer. »