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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/162

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Trarieux a fait honneur à Picquart « d’affronter tous les dangers ». Qu’est-ce à dire sinon d’aller au devant d’une condamnation injuste ? Trarieux, lui aussi parlant au nom de Picquart, a-t-il fait injure à Picquart ?

Cependant « des gens bien informés et qui approchent le gouvernement ont annoncé à Picquart sa réintégration dans l’armée » :


Un bon poste, une décoration même seront la compensation des actes abominables dont j’ai eu à souffrir. Vraiment, la rougeur me monte au front en rapportant ces propos. Quoi ! je demande justice dans une affaire où l’intérêt du pays tout entier est en jeu, et l’on me fait entrevoir l’offre d’une place ou d’une croix !


Un grade dans l’armée n’est pas une « place » ; « l’intérêt du pays » n’est pas en jeu dans l’affaire Boulot, ni dans celle des pigeons. De quoi rougit-il ? De ce que, rentré dans l’armée, il y recevra l’avancement qu’il eût obtenu si le souci qu’il a montré de la vérité ne lui avait été imputé à crime[1] ?

Picquart reproche à Waldeck-Rousseau « d’avoir usé et abusé de ces moyens d’action » que sont les places et les croix :


Quant à moi, je vous défie bien d’en user de même à mon égard. Pour vous enlever toute illusion sur ce point, je vous préviens que je me désiste, à la date de ce jour, du recours que j’avais introduit devant le Conseil d’État contre la décision qui m’a mis en réforme au mois de février 1898.


Ainsi, il est certain de pouvoir reprendre sa place

  1. Voir p. 483.