Tout en poursuivant ses études de chimie dans le laboratoire de Wurtz, après une forte préparation classique au lycée de Strasbourg[1], il s’était mêlé au mouvement des jeunes républicains contre l’Empire et paya sa propagande de trois mois de prison[2]. Résolu, parfois audacieux, Scheurer allait droit son chemin, mais fuyait la réclame et le bruit, d’un beau courage et d’une gaîté qui ne se démentirent jamais. Il avait, comme son beau-frère Charras[3], prévu la guerre ; à l’heure des désastres, il quitta ses usines de Thann et s’offrit à Gambetta, qui lui confia la direction de l’établissement pyrotechnique de Cette. Les électeurs du Haut-Rhin, puis ceux de la Seine, l’envoyèrent à l’Assemblée Nationale ; il fut ensuite nommé sénateur inamovible[4]. Aucun républicain ne fut plus constamment ferme et sage. Les savants prisaient son
- ↑ Il écrivait à Lauth : « Sans l’étude du latin et du grec, je n’aurais pas développé mes facultés intellectuelles. »
- ↑ Il faisait entrer en France des brochures de propagande interdites. Le 21 mars 1862, le tribunal correctionnel le condamna à trois mois de prison et 3.000 francs d’amende « pour manœuvres à l’intérieur et excitation à la haine et au mépris du gouvernement ». Il avait été défendu par Jules Grévy. Il fit à Sainte-Pélagie la connaissance de Blanqui et écrivit une étude chimique sur la Théorie des types.
- ↑ Scheurer avait épousé, en 1856, l’une des filles du grand industriel Kestner, qui était le petit-fils de Jean-Chrétien Kestner, le mari de la « Charlotte » de Goethe. (Voir Goethe et Werther, lettres inédites de Goethe, publiées par Auguste Kestner, Stuttgard, 1855 ; Paris, même année, trad. Poley.) Les autres filles de Charles Kestner épousèrent Victor Chaufour, Charles Risler, le colonel Charras et Floquet.
- ↑ Scheurer-Kestner remplaça Gambetta, en 1881, à la direction de la République française. Il avait été l’un des fondateurs du journal. Quand j’en devins le directeur, en 1886, il continua à fréquenter les bureaux du journal où de nombreux républicains avaient coutume de se réunir.
vie et les travaux d’Auguste Scheurer-Kestner. — Né à Mulhouse, le 11 février 1833.