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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


tre les fonds[1]. Il le reçut ensuite à son chevet[2], pendant les quelques jours de lucidité qu’il eut encore, lui donna divers conseils[3]. Il lui dit surtout que Boisdeffre se préoccupait toujours « de la question Dreyfus ». Pour lui, il était d’avis qu’il vaudrait mieux n’en plus parler : « D’ailleurs, dit-il, si l’on avait besoin de preuves pour convaincre les gens, vous n’aurez qu’à demander à Henry le petit dossier qui a été communiqué aux juges, en chambre du conseil. Montrez-le au chef qui vous aura fait des objections[4]. » Sandherr précisa où les pièces étaient déposées (dans l’armoire d’Henry), mais sans ajouter que Mercier en avait ordonné la destruction.

Comme Sandherr l’en avait prévenu, Boisdeffre, dès les premiers jours, dit à Picquart que « l’affaire Dreyfus n’était pas finie ; elle ne fait que commencer[5] ; un retour offensif, toujours possible, des Juifs est à craindre[6] ; en conséquence, il est nécessaire de savoir les mobiles du crime ; on n’a fait encore que des hypothèses, toutes très mal fondées ; il faut nourrir le dossier[7] ».

  1. Rennes, I, 369, Picquart ; 480, Roget ; II, 524, Cordier.
  2. Ibid., 480, Picquart.
  3. Ibid., I, 384, Picquart. — Selon Roget (I, 480), « Sandherr n’était pas en état de donner des renseignements ». Picquart répond « qu’il a été tous les jours chez lui pendant les premiers temps, tant que son état lui a permis de recevoir ». Mme Sandherr écrit que Picquart n’est venu que deux fois. (II, 537.)
  4. Cass., I, 143 ; Rennes, I, 384, Picquart.
  5. Cass., I, 142, Picquart. — Boisdeffre (Cass., I, 266) « n’a pas la prétention de se rappeler textuellement ses paroles. J’ai pu supposer que de nouveaux incidents seraient soulevés et j’ai pu dire quelque chose d’analogue. »
  6. Cass., II, 208, Picquart, (Enquête Bertulus).
  7. Cass., I, 142 ; Rennes, I, 384, Picquart. — Cass., I, 266, Boisdeffre : « Quant à la seconde partie de l’énoncé de Picquart, je suis sur de le lui avoir dit comme je l’avais dit à son prédé-