Picquart convint que les renseignements de moralité recueillis contre Dreyfus avaient été réfutés à l’audience[1]. Boisdeffre lui prescrivit de chercher si d’autres fuites s’étaient produites que celles qui avaient été révélées par le bordereau[2].
La nomination de Picquart, bien que prévue, causa une amère déception à Henry[3]. Cependant, il était trop habile pour ne pas dissimuler. Il écrivit à Lauth que « tout irait bien ; le nouveau chef voit juste et promptement, a beaucoup d’initiative, est sérieux, intelligent et actif[4]. » « On est déjà débarrassé du père Josué (Cordier). » Et, s’empressant auprès de Picquart, sans méfiance à son égard[5], il eut vite fait de le gagner par sa rudesse à la fois naturelle et affectée, son dévouement toujours prêt, mais qui se gardait d’être bruyant, et son expérience de vieux troupier si franchement offerte au jeune chef. Il n’y eut jamais de soldat plus soumis. Avec sa forte patience de paysan, il saura attendre.
Picquart crut le fourbe, le traita « avec la bienveillance qu’un chef doit témoigner à un subordonné plus
- ↑ Rennes, I, 384, Picquart.
- ↑ Cass., I, 266 ; Rennes, I, 522, Boisdeffre.
- ↑ Cass., I, 303 ; Rennes, II, 522, Cordier : « Il est évident qu’Henry a été très froissé de voir un officier plus ancien en grade que lui, mais plus jeune, prendre la direction du bureau. » Lauth déclare que « ce dépit n’a certainement jamais existé » ; il en donne « pour preuve bien palpable « la lettre qu’il reçut d’Henry le 7 juillet. (Rennes, II, 532.)
- ↑ Henry insiste à l’excès : « Tout va très bien… Tout ira bien… Nous sommes appelés à faire avec lui de la bonne besogne… Tout va très bien et nous allons pouvoir faire ensemble de la bonne besogne. »
- ↑ Rennes, I, 385, Picquart : « Je n’avais pas de raison de me méfier d’Henry. »
cesseur. » À Rennes (I, 522), Boisdeffre ajoute qu’il fit la même recommandation à Gonse.