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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


lement par l’une d’elles[1]. Cordier, de même, prémunit son camarade contre l’emploi des femmes dans l’espionnage : « Le maréchal de Saxe conseille, à tort, de se servir des moines ; tout ce qui porte des robes, il n’en faut pas. » Quant à la lettre où il est question de Dreyfus, elle « ne vaut pas quarante sous ». On peut, indifféremment, la classer ou la jeter au feu[2]. Picquart dit simplement à Delaroche, quand il le revit, que la dame, qui avait réitéré ses offres, « demandait trop cher[3] ». Un peu plus tard, à l’automne, la femme Bastian apporta un brouillon de l’écriture de Schwarzkoppen,

  1. Rennes, II, 69, Gendron : « J’ai été mystifié par une dame italienne, ou, plutôt, c’est le colonel Sandherr qui, par le fait, a été mystifié. » Gendron raconte qu’il prit le nom de Romani, « le premier qui lui vint à l’idée », — celui de l’un de ses camarades, — pour s’aboucher avec cette femme qui avait offert ses services. Il la paya pour aller chercher à Rome le nouveau fusil. C’était une contre-espionne. « Lorsque le capitaine Romani a été arrêté, c’est moi qu’on croyait arrêter. »
  2. Rennes, I, 624, 536, Cordier. — Roget conteste que Picquart, qui commença à signer le 26 juin et prit son service le 1er juillet, ait travaillé, à cette époque, avec Cordier, qui reçut sa solde le 1er et « fut mis en feuille de route le 2 ». (Rennes, I, 480). Cordier établit que Saussier lui accorda un sursis de quinze jours (II, 524). Roget demande alors « si Cordier venait au bureau ». Or, cela résulte de la lettre même d’Henry à Lauth, du 6 juillet : « Il vient encore le matin faire quelques apparitions dans sa boîte. » (II, 532.)
  3. Rennes, I, 53, Delaroche : « J’ai réfléchi que c’était la preuve que l’on avait déjà surabondamment de documents. » — Boisdeffre, à Rennes, feint de prendre au sérieux la lettre dite C. C. C. : « J’ai lu la déposition de Delaroche-Vernet ; je me demande si ces poursuites et ces investigations ont été faites avec tout le zèle désirable. » (I, 522.) Pour Billot, la révélation de la lettre C. C. C. a été, mais seulement à Rennes, « le trait de lumière » qui l’a édifié sur Picquart. (I, 171, 180.) De même, Roget y voit la preuve que Picquart, dès le 2 juillet 1895, était acquis à la revision. « Il a prétexté que cela coûtait trop cher, et, à ce moment, il gaspillait 100.000 francs pour suivre un malheureux officier qui s’appelle d’Orval et qu’on a voulu substituer à Dreyfus. » (I, 300.) — La surveillance exercée contre d’Orval