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LE PETIT BLEU



très lacéré[1]. On reconstitua ce chiffon, une centaine de mots en allemand, le nom de Dreyfus suivi des quatre premières lettres du nom de Boisdeffre, puis un trou, des mots effacés, plus loin : « Je ne peux pas ici… », une nouvelle lacune, enfin : « La pièce est arrivée entre les mains de l’attaché militaire ou du grand État-Major à Berlin ; ce que je puis affirmer, c’est qu’elle est réellement arrivée entre les mains d’un des attachés militaires et qu’elle a fait ensuite retour au bureau des Renseignements[2]. » Sur les autres morceaux du canevas, des noms propres (Berger, Constantinople[3], Giovaninelli, Saussier, Négrier) et la principale phrase, en français, du toast porté par le général russe Bogolubof, le 18 septembre, au banquet de Mirecourt, à l’issue des manœuvres : « Je porte un toast chaleureux à la réunion des drapeaux français et russes sur le prochain champ de bataille[4]. »

    pendant son voyage en Russie (voir p. 225), ne coûta pas 100.000 mais, 1 700 francs. (Dossier de Rennes, note du ministère de la Guerre.) — L’Italienne demandait 500 francs par mois (Rennes, I, 413, Picquart), mais préférait les billets de mille qu’elle appelait les petits frères.

  1. Cass., I, 63, Roget. (Octobre 1895.)
  2. Cass., V, 163, Cavaignac, à Rennes (I, 201), donne le texte allemand : « Dreyfus Bois… Ich kann hier nicht… das Schriftstück in die Hände des deutschen M. D. oder des grossen Generalstabs in Berlin gelangt ist ; das kann ich aber mündlich versichern das es wirklich in die Hände eines der M. A. gelangt ist and von dort an das Nachrichten-bureau zurück. » La lecture du mot mündlich (verbalement) est contestée ; un des juges de Rennes propose eidlich (sous serment) ; Demange lit endlich (enfin). « On peut, en effet, dit Cavaignac, lire un L et un N. »
  3. Ces mots : Berger, Constantinople, peuvent avoir rapport à des racontars d’Esterhazy. (Voir p. 70.)
  4. « Le général Bogolubof a d’abord porté la santé du général de Boisdeffre… Une seconde fois, il a levé son verre à l’union des armes et à la camaraderie de combat dont il s’est