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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


voir Dreyfus partout ; en cherchant, on ne le trouvait nulle part.

Picquart constata le développement d’une nouvelle industrie : dès qu’un escroc avait besoin de quelques louis, il venait raconter au bureau qu’il avait surpris Dreyfus, en flagrant délit à Rome, à Constantinople ou à Londres[1].

D’autre part, les « fuites » continuaient[2]. Elles n’avaient pas cessé, même pendant le procès de Dreyfus ; le 29 octobre, Schwarzkoppen avait envoyé à Schlieffen des documents sur les manœuvres de forteresse de Paris et de Toul[3]. On a vu que l’État-Major allemand reçut, l’an d’après[4], une note sur l’ordre de bataille des armées et le nouveau plan de mobilisation[5].

Il y avait donc d’autres traîtres. Quand Picquart prit son service, Zurlinden ne lui fit qu’une recommandation : surveiller Hecquet d’Orval[6], un ancien officier chez qui Du Paty, son cousin, se rencontrait familièrement avec Schwarzkoppen[7]. Comme d’Orval s’inquiétait du rôle de Schwarzkoppen dans l’affaire Dreyfus, Du Paty le rassura : leur ami était étranger à l’affaire, Dreyfus n’avait été en rapports qu’avec Schmet-

  1. Rennes, I, 414, Picquart.
  2. Ibid., 415, Picquart. — De même Cuignet (Cass., I, 371). — Ce qui n’empêche pas Cavaignac de dire : « Après l’arrestation de Dreyfus, à une seule exception près, il n’a plus été, à ma connaissance, relevé de fuites. » (Cass., I, 29.)
  3. Pièce du dossier secret, versée seulement à Rennes, le 6 septembre 1899.
  4. Mémento de Schwarzkoppen parvenu le 28 décembre 1895 au service des Renseignements, pièce 83 du dossier secret.
  5. Cass., I, 181 ; Rennes, I, 415, Picquart.
  6. Rennes, I, 371, Picquart.
  7. Selon d’Orval, c’est Du Paty qui le mit en rapports avec Schwarzkoppen.