mier, il propose en modèle le système turc : « Les idées d’humanité et de justice ne sont, chez les nations qui les appliquent à la conquête, que des symptômes de décadence et de caducité ; laissons les philanthropes crier à la barbarie ; la conquête est fille du sabre, elle ne grandit et ne s’établit que par lui[1]. » Dans le second, il explique, tout au contraire, l’impuissance de la force seule « à désarmer une nation qui lutte pour son indépendance » ; la France doit cesser de se révéler seulement « par la razzia, le meurtre et l’incendie » ; si la génération actuelle est fatiguée de la guerre, « qui nous répond de la génération à venir[2] » ?
Il passe ainsi d’un système à un autre, comme ses aïeux ont changé de patrie, ou comme lui-même et son frère[3] changent de parti politique. Dans ces cerveaux, d’une effrayante mobilité d’idées, un seul principe est fixe : l’intérêt. On ne les vit jamais que tournés vers les soleils levants.
Esterhazy était en mission à Tunis[4] quand il y apprit le coup d’État de Décembre. Il écrivit aussitôt au préfet de Constantine : « Ce sera toujours un bien vif regret pour moi de ne pas avoir été en position de rendre des services dans les événements qui viennent de s’accomplir ; je ne suis qu’à moitié consolé par la pensée qu’il y en aura encore à rendre[5]. »
- ↑ De la Domination turque dans l’ancienne Régence d’Alger, introduction, v, ix, xiii, etc. Ailleurs : « Il faut faire trembler les Arabes. »
- ↑ Le Maghzen d’Oran, 5, 209, 235, 262, etc.
- ↑ Jean-Louis Esterhazy sortait de l’École de Saint-Cyr ; il fut attaché, comme capitaine, à la maison militaire de Louis-Philippe et promu général de brigade en 1850.
- ↑ La mission militaire de Tunis avait été précédemment dirigée, avec beaucoup de succès, par son frère. (A. de Haux, La Régence au xixe siècle, 176.)
- ↑ Catalogue Charavay, no 46, pièce 496.