sentit[1], trouvant au fait que c’était de peu de conséquence, et par amitié pour Henry[2].
Lauth a protesté depuis qu’il demanda simplement à Picquart de désigner un second officier[3], qu’il eût préféré Junck[4], qui savait l’allemand et que c’était Cuers qui avait réclamé un officier parlant sa langue[5]. Or, Cuers, qui avait fait son métier, non seulement à Bruxelles et à Strasbourg, mais à Paris même, et fort longtemps, parlait le français et l’écrivait avec beaucoup d’aisance[6]. Picquart ne l’ignorait pas, ayant lu les lettres de Cuers qui étaient au ministère ; il eût préféré pourtant que les officiers qu’il envoyait à Bâle eussent pu s’entretenir avec l’agent dans sa langue maternelle[7].
Henry, qui ne perdait rien, fit remarquer à Lauth l’objection de Picquart. Il suffira plus tard à Lauth de s’en emparer pour innocenter Henry du désir suspect d’aller à Bâle. Lauth affirmera qu’il sua sang et eau, pendant de longues heures, à traduire toutes les questions qu’Henry lui aurait fait poser à Cuers[8].
- ↑ Rennes, I, 424, Picquart : « J’eus la faiblesse de consentir. »
- ↑ Instr. Tavernier, Picquart : « Lauth me prit par les sentiments. »
- ↑ Cass., I, 418 ; Rennes, I, 623, Lauth.
- ↑ Instr. Tavernier, 12 oct. 1898, Lauth.
- ↑ Rennes, I, 623, Lauth.
- ↑ Ibid., II, 507, 508, Cordier : « Cuers savait parfaitement le français ; il existe toute une correspondance de lui, au ministère de la Guerre, en très bon français et en français courant… Il avait été espion allemand à Paris ; pour cela, il faut connaître le français. La plupart des agents qu’il avait ne connaissaient pas un seul mot d’allemand. » De même, Picquart : « La correspondance de Cuers est rédigée dans un français à peu près irréprochable, et je ne puis pas admettre qu’une personne qui écrit aussi bien notre langue ne la parle pas quelque peu. » (Rennes, I, 424.)
- ↑ Rennes, I, 424, Picquart.
- ↑ Cass., I, 419 ; Instr. Tavernier, Lauth : « Cuers ne se servant pas facilement du français, qu’il comprend médiocre-