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Gonse, avant de répondre à cet appel, « réfléchit »[1] pendant deux jours, c’est-à-dire qu’il référa à Boisdeffre[2].
Tous les mots de cette seconde lettre sont pesés, d’une savante équivoque, choisis et agencés avec art, pour endormir la naissante méfiance de Picquart.
Gonse excelle à prendre un air patelin, un peu niais, à s’abriter derrière sa pusillanimité, à invoquer les prudents aphorismes de la sagesse bourgeoise, Loyola-Prudhomme.
Picquart est devenu l’ennemi ; d’autant plus, Gonse le traite en ami, avec une confiance qui paraît sans réserve, sur le ton, non pas d’un chef qui n’aurait qu’à commander, mais d’un collaborateur affectueux qui oublie la supériorité de son grade et traite en égal un subordonné éminent et dévoué.
Le zèle de Picquart, pendant le procès de 1894, quelques propos acerbes contre les Juifs, avaient persuadé à Boisdeffre et à Gonse qu’il était des leurs, corps et âme, un autre Sandherr, plus intelligent, non moins résolu. Terrible déception, enrageante, que l’éclosion soudaine, semblait-il, de ce Picquart inconnu, d’un antisémite pour qui un Juif est un homme, d’un chef de