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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


et ordonna à Sandherr de poursuivre son enquête. — Au bout de peu de jours, Sandherr découvrit une nouvelle preuve ; ce n’était pas, cette fois, une photographie, « mais bien un original », une lettre anonyme venant, « par une source occulte, de l’ambassade allemande » ; « elle annonçait la livraison à l’Allemagne : 1° de la description détaillée du frein de la pièce de 120 court, qui n’était pas encore en service[1] : 2° du projet de manuel de tir de l’artillerie ; 3° du projet de manuel de tir de l’infanterie[2] ; 4° des mesures arrêtées pour la mobilisation de l’artillerie à la suite de la loi du 29 juin 1894, supprimant les pontonniers et créant vingt-huit nouvelles batteries[3] ; 5° du plan d’opérations pour l’expédition de Madagascar, établi par le général Renouard, premier sous-chef d’État-Major de l’armée[4] ». — Sandherr remit ce « bordereau d’envoi » à Mercier, qui, « gardant toujours par devers lui le nom de Dreyfus[5] », prescrivit au général Gonse « de faire une enquête pour découvrir le nom de l’auteur de la lettre ». Gonse transmit les ordres du ministre aux chefs des quatre bureaux de l’État-Major. On compara, d’abord, l’écriture de la lettre, qui, du reste, était « déguisée[6] », à celle de tous les officiers du ministère ; « aucune ne s’en, approchait ». — « C’est alors

  1. « Une note sur le frein hydraulique du 120. » L’auteur du bordereau ne précise pas s’il s’agit du frein hydraulique du 120 long ou du frein hydropneumatique du 120 court. Le frein du 120 court était en usage depuis 1890. (Voir t. I, 55.)
  2. Il n’en est pas question au bordereau.
  3. « Une note sur une modification aux formations de l’artillerie. » — L’Éclair donne l’interprétation de d’Ormescheville et de Du Paty.
  4. « Une note relative à Madagascar. » — L’Éclair donne l’interprétation de d’Ormescheville.
  5. Mercier ne connut le nom que le 6 octobre 1894. (Rennes, I, 87.)
  6. C’est l’hypothèse de Bertillon.