Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE V

HENRY

I

Boisdeffre, comme Picquart, s’était attendu à voir les polémiques renaître des révélations de l’Éclair, et les juristes s’en emparer. Au contraire, le silence se fit de nouveau dans la presse. Pour la masse des lecteurs, Dreyfus a été condamné une seconde fois ; le public ne discute pas la valeur des preuves ni la façon dont elles ont été fournies. Les uns ne voient qu’un vice de forme dans la communication secrète[1] ; les autres, plus émus d’une telle méconnaissance des principes, se demandent si le journal n’a pas calomnié Mercier.

Je n’avais vu encore aucun des Dreyfus ; quant à Picquart, depuis la revue de Vitry, le 18 septembre 1891, à la fin des manœuvres de l’Est, je ne m’étais plus rencontré avec lui. Mais la pensée de l’erreur judiciaire possible, probable, ne m’avait pas quitté un instant. Si

  1. Ainsi Trarieux (Procès Zola, I, 180), Scheurer-Kestner, Freycinet.