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HENRY


« sa sympathie, dont il était fort touché » ; l’autre était ainsi conçue :

Tous mes remerciements, mon cher commandant, pour votre communication, qui me prouve la sympathie que vous avez pour notre cause. Je suis absolument de votre avis, et c’est parfaitement ignoble de voir la France protéger ou avoir l’air de protéger une clique dans un coupe-gorge. Personne, malheureusement, n’ose dire cela à la Chambre depuis que Douville est mort. Cordiale poignée de mains[1].

Boisdeffre prescrivit à Picquart de faire photographier ces cartes[2], qui lui donnaient barre sur Drumont. Après le contre-espionnage, le contre-chantage. Puis Desvernine rapporta les cartes chez Esterhazy[3] qui était parti en congé, à son château de Dommartin.

III

Vers la même époque, Picquart, ayant affaire à Cavard, chef de cabinet du préfet de police, lui parla de la lettre à l’encre sympathique : « Les Dreyfus vont faire un coup ridicule ; cela se retournera contre eux. — Oui, reprit Cavard, à moins que cette pièce ne soit un faux[4]. »

Picquart comprit tout à coup « la stupidité[5] » de

  1. Dossier Tavernier.
  2. Cass., I, 170 ; Rennes, I, 447, Picquart.
  3. Procès Zola, I, 300 ; Cass., I, 170 ; Rennes, I, 447, Picquart.
  4. Instr. Fabre, 100 ; Cass., I, 163 ; Instr. Tavernier, 15 oct. 1898 ; Rennes, I, 436, Picquart.
  5. Cass., II, 209, Picquart.


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