Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/460

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
450
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


a été offerte, en 1894, au rapporteur du conseil de guerre pour laisser planer un doute sur la culpabilité de Dreyfus[1] ; — Dupuy, mis en cause, se lève à sa place et nie avoir jamais connu cette tentative de corruption ; — que deux des experts, qui ont conclu en faveur du traître, ont reçu chacun cent mille francs, et qu’un autre expert, Teyssonnières, en a été informé par un haut fonctionnaire de la police[2] ; — « Cela, c’est un fait ! » crie un membre à gauche ; — que les Juifs, à La Rochelle, ont essayé de faire évader leur coreligionnaire et qu’ils eussent réussi sans le courage d’un officier, qui « dut le frapper pour le faire évanouir sur place » ; — que toute la société juive, les Rothschild et le grand-rabbin, tous parents de Dreyfus, et le directeur des moulins de Corbeil[3], ont intercédé en faveur de l’infâme, « menaçant et suppliant »; — enfin, que le capitaine Gendron a vainement dénoncé une espionne qui était liée avec le prisonnier de l’île du Diable[4].

Quant au principal des complices civils de Dreyfus, c’est son beau-père, Hadamard, qui a été suivi au ministère de la Guerre à Rome où il a remis des documents concernant la défense des Alpes et le camp retranché de Nice. Mais Castelin ne prononça les noms ni de Weil[5] ni d’Esterhazy. Billot respira.

  1. Libre Parole du 13 décembre 1894. (Voir t. Ier, 345.)
  2. Castelin le nomma : Puybaraud, directeur du service des recherches. Or, en 1894, Puybaraud avait fait observer au préfet de police, Lépine, que Teyssonnières était un expert discrédité, indigne de confiance.
  3. Moïse Dreyfus, homonyme seulement du capitaine.
  4. Il s’agit de Mme Déry, nullement espionne, chez qui Gendron et Dreyfus avaient fréquenté. (Cass., II, 42 ; Rennes, II, 67, Gendron.) — Voir t. Ier, 165. — Castelin, comme je l’ai dit, avait été documenté par Henry.
  5. Il incrimina, en revanche, l’ancien lieutenant de vaisseau Émile Weyl, rappela ses procès avec la Libre Parole. (Voir p. 129.) Il réclama des poursuites contre lui.