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CHAPITRE VI

SCHEURER-KESTNER

I

Méline, de très bonne foi, crut l’affaire finie, parce qu’il croyait Dreyfus coupable. Il avait suffi, pour faire évanouir le spectre, de marcher sur lui.

Son garde des Sceaux, Darlan, eût voulu ouvrir une enquête sur les accusations portées à la tribune par Castelin ; surtout, poursuivre Bernard Lazare pour avoir, dans sa brochure, divulgué des documents secrets. La loi, dont il était le gardien, lui en faisait un devoir.

Le jeune écrivain l’y avait provoqué par une lettre publique. Méline observa que ce serait le recommencement scandaleux, au grand jour, du procès de 1894[1].

La visite de Forzinetti à Rochefort et à Jaurès avait été dénoncée au général Saussier ; le gouverneur de Paris y vit un manquement à la discipline, refusa de recevoir les explications du commandant du Cherche-

  1. Bernard Lazare écrivit à Rochefort : « Si quelqu’un redoute la lumière, ce n’est pas moi, mais plutôt le gouvernement. » (Intransigeant du 28 novembre 1896.)