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SCHEURER-KESTNER


d’entrer au service français. Lauth et Junck l’ont invité (bien qu’ils le tiennent pour un provocateur) à s’établir à Paris ou en pays neutre ; il n’a rien voulu entendre[1] ; il a confirmé, d’ailleurs, son récit de Bâle, sans y rien ajouter. Plus tard, « à son heure, il prouvera qu’il est sincère ».

Telle fut la version officielle de Lauth.

Le hasard lui-même se fit le complice d’Henry.

Il y avait, comme huissier, au bureau des Renseignements, un vieux turco du nom de Baschir, qui avait servi d’ordonnance à Sandherr. Il savait bien des choses. Esterhazy prétend que l’Arabe le vit souvent entrer chez Henry[2]. Un matin, on trouva Baschir mort dans son lit, asphyxié par le gaz. On n’expliqua pas comment le robinet du bec de gaz avait été ouvert.

III

Gonse, de son côté, ne restait pas inactif. Il promenait Picquart d’un bout de la France à l’autre, exécutant ainsi le plan qui avait été conçu par Billot et concerté avec Boisdeffre.

Picquart était parti le 16 novembre pour sa fausse mission. Il visita, d’abord, le 6e corps et adressa, le 17 et le 18, deux rapports à Gonse. Celui-ci l’en remercia, le 19 : « Vos renseignements nous ont bien inté-

  1. « Il se retranche d’une manière invariable derrière la phrase : « Je ne veux quitter à aucun prix Berlin, où mon enfant est enterré,… » pour refuser toute communication ultérieure ou éluder l’éventualité de son installation à Paris ou en pays neutre. » (Rapport de Lauth.) — Rennes, I, 648, Junck.
  2. Conversation avec un journaliste anglais. — Cass., II, 155, Leblois : « Il est fâcheux que Baschir soit mort. »