Il les versa directement aux créanciers d’Esterhazy et exigea des reçus, « afin de pouvoir, le cas échéant, établir, preuves en mains, ce que les Juifs avaient fait pour lui ». Esterhazy eût préféré garder l’argent.
À Rouen, à son régiment qu’il avait rejoint, ses affaires allaient mal.
Pendant longtemps, malgré sa vie déréglée, ses dettes et tant de désordres, ses notes militaires avaient été excellentes. En 1895, il était désigné par son chef de corps comme un « officier des plus distingués, servant avec un dévouement absolu et pouvant aspirer aux grades les plus élevés de la hiérarchie par son savoir, son expérience, l’énergie de son caractère et l’élévation de ses sentiments… À pousser avant que l’âge ne soit un obstacle[1] ». Le général de brigade, le général de division, le commandant du corps d’armée avaient repris ces notes en les amplifiant : « Excellent chef de bataillon, dont la manière d’être et de servir ne laisse rien à désirer[2]… Officier de grand mérite et d’avenir[3]… » Par trois fois, il avait été présenté pour officier de la Légion d’honneur et lieutenant-colonel. Et encore, en 1896 : « Conduite très bonne. Moralité bonne, caractère froid, très énergique[4]… » Mais brusquement, à l’inspection de cette même année, le général Guerrier s’était aperçu que cet officier, jusqu’alors apprécié par lui-même avec tant de faveur[5], avait inscrit sur ses états de service une fausse citation à l’ordre du jour de l’armée[6] ; il en avait rendu compte, et la